Irresponsables, réellement ?
le 03 novembre 2020 à 11h52

Deux
ministres du gouvernement Castex, Elisabeth Borne et Bruno Le Maire,
ont donné de la voix durant le dernier week-end en
traitant
« d’irresponsables »
les maires qui prenaient des arrêtés pour maintenir l’ouverture
des commerces de proximité. Le ministre de l’Économie, sortant de
son flegme habituel, s’est même lancé dans une diatribe contre
« la
poignée de maires irresponsables qui menacent la santé des
Français »
.
Une poignée, réellement ? Lundi, dans la seule région
Centre-Val de Loire, les maires frondeurs dépassaient largement le
contenu d’une main refermée : Alexandre Avril, maire de
Salbris (41), mais aussi une quinzaine de ses collègues
loir-et-chériens, euréliens ou loirétains avaient pris un arrêté,
rejoignant, au plan national, une kyrielle de villes moyennes.
Aucun
d’entre eux n’ignorait que leur décision serait annulée par le
tribunal administratif. Mais comment exprimer autrement leur colère
contre une décision inique de tri entre les
« bons »
et les « mauvais »
commerçants, en quelque sorte entre ceux qui sont « hallal »
et ceux qui sont « haram ».
Irresponsables,
réellement ? Juste après avoir signé son arrêté, le maire
de Salbris faisait le tour des commerçants pour les prévenir de ne
pas lever le rideau au risque d’encourir une amende, tandis qu’à
Nogent-le-Rotrou, Harold Huwart lançait une plateforme de vente en
ligne. Loin d’être
« irresponsables »,
les élus sont sur le pont pour affronter la tempête.
Si
certains ont saisi la fourche, d’autres se contentent d’exprimer
leur désarroi. À Vierzon, Nicolas Sansu s’étonne que le plan
Action Cœur de ville «
donne
des millions pour nous aider à rénover le centre-ville et
qu’après, on ferme les commerces »
.
À Blois, Marc Gricourt est très remonté. Il s’indigne contre
l’oukase gouvernemental
« qui
ne repose sur aucun fait scientifique et vient affaiblir des
enseignes déjà fragilisées par le premier confinement »
.
Car
comment expliquer à des commerçants que le virus est contagieux
chez eux et qu’il ne l’est pas dans une grande surface ?
Comment justifier l’autorisation de vendre des produits de
jardinerie dans un supermarché tout en lui interdisant la vente de
fleurs coupées au motif que les secondes, contrairement aux
premiers, seraient
« non-essentielles ».
Et la fréquentation d’un commerce serait-elle vraiment plus
dangereuse que celle d’une rame de métro ?
Confrontée au
paradoxe d’un Etat pointilleux mais incapable d’assumer ses
missions régaliennes, la France ne comprend plus ceux qui la
dirigent.
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