L’HEURE DU TOCSIN

La crise ouverte depuis la dissolution aura-t-elle raison de la plus constante des politiques publiques menées par Emmanuel Macron ? Comme l’illustre l’enquête que nous lui consacrons dans ce numéro de rentrée, la réindustrialisation de nos territoires est bien devenue une cause sacrée.
Mais en dépit des moyens mobilisés, les résultats restent limités et la tendance est même, depuis le début de l’année, à une nouvelle perte de substance manufacturière. On n’efface pas en quelques mois des années d’indifférence, voire de déconstruction de notre dispositif industriel.
La culture du fabless, l’hostilité politique et sociétale à l’usine, vécue comme un lieu d’exploitation et de nuisances environnementales, et surtout l’écart de compétitivité qui se creuse entre l’Europe d’une part, l’Asie et les pays émergents d’autre part, constituent autant de poisons qui intoxiquent nos différentes filières de production.
Et pourtant, le temps presse. Le récent et inquiétant rapport sur la compétitivité européenne rédigé par Mario Draghi, l’ancien président de la BCE, a mis en évidence les négligences collectives qui, faute de réaction, font désormais peser une « menace existentielle » sur notre modèle social.